C’est une première, des chercheurs chinois ont créé un organe humain à l’intérieur d’un animal

Une équipe de chercheurs chinois a réussi à créer un organe humain dans un animal pour la première fois, ouvrant la voie à la production d’”organes de rechange” pour les humains. Cette avancée, discutable sur le plan éthique, pourrait révolutionner le domaine des transplantations d’organes.

Dans le monde, quelque 150 000 organes sont transplantés chaque année. Dans l’espoir de produire des organes destinés à des greffes humaines, des chercheurs de l’Institut de biomédecine et de santé de Guangzhou ont cultivé des reins de stade moyen constitués en partie de cellules humaines à l’intérieur d’embryons de porcs. Ils ont réussi à reprogrammer des cellules humaines adultes pour qu’elles retrouvent leur capacité à former n’importe quel organe ou tissu du corps. Ces cellules pluripotentes ont été insérées dans des embryons de porcs, génétiquement modifiés au préalable pour ne pas développer de reins porcins. Les cellules humaines ont comblé ce vide et ont généré un rein rudimentaire, une étape intermédiaire du système rénal appelée mésonephros. Ces embryons porc-humains ont été en gestation dans des truies pendant 28 jours, soit environ un quart de la période normale de gestation de l’espèce. La moitié des cellules de leurs reins sont donc humaines…

Dirigé par le scientifique chinois Liangxue Lai, ce travail poursuit la voie initiée par l’équipe du chercheur espagnol Juan Carlos Izpisua. En 2017, Izpisua avait annoncé la création d’embryons porc-humains qui ne comportaient qu’une cellule humaine pour 100 000 cellules porcines. Ces expériences pionnières ont été menées à l’Université de Murcie (Espagne) et dans deux fermes murciennes. Les essais avaient été autorisés malgré les “risques biologiques inhérents à la génération de chimères porc-humaines”, à condition qu’aucun animal avec des cellules humaines ne puisse se reproduire.

 

Des défis techniques et éthiques à surmonter

L’équipe de Liangxue Lai et du chercheur espagnol Miguel Angel Esteban travaille maintenant à obtenir des reins matures, en tentant de surmonter les obstacles techniques et éthiques. L’un des défis majeurs est d’empêcher les cellules humaines de s’échapper du rein et de s’intégrer au cerveau du porc ou à ses gonades (testicules ou ovaires) estime Esteban.

En 2020, une équipe de l’Université du Minnesota avait réussi à générer de l’endothélium humain – la couche interne des vaisseaux sanguins – dans des embryons de porcs. Un an plus tard, le même groupe, dirigé par Mary Garry et Daniel Garry, a créé des embryons de porcs de 27 jours avec des muscles humanisés. C’est la première fois qu’un organe humain est créé à l’intérieur d’un autre animal. “Conceptuellement, c’est une étape très importante et significative, mais ce n’est pas un prélude à la production de reins, loin de là”, note le néphrologue Rafael Matesanz, fondateur et ancien directeur de l’Organisation nationale des transplantations en Espagne.


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