SALT, un film entièrement généré par des intelligences artificielles grand public

Un entrepreneur allemand, Fabian Stelzer, a décidé de réaliser “Salt” un film de science-fiction avec “des décors à gros budget”. Problème il n’est pas cinéaste…Pour le réaliser, il utilise des logiciels d’intelligence artificielle grand public, que ce soit pour les effets visuels, sonores ou les voix.

“Toutes les grandes choses commencent par des expériences”, déclare t’il sur Twitter. Un projet expérimental donc, entièrement construit à partir d’œuvres générées par l’IA. Pour la création des images, Stelzer a utilisé des programmes tels que Midjourney, Stable Diffusion ou encore DALL-E 2. Des logiciels qui “dessinent” tout ce que vous voulez en se basant sur des “prompts”, de simples descriptions textuelles. Exemple utilisé par Stelzer : “arrêt sur image d’un film de science-fiction des années 1980, capture d’écran d’un film, photographie, 35 mm, granuleux, distorsion VHS, éclairage cinématographique.” Chaque chapitre de deux minutes qu’il a réalisé jusqu’à présent a pris environ deux heures à créer.

Stelzer recrée ensuite la sensation de mouvement grâce au montage vidéo et à certains programmes qui peuvent faire bouger les visages des personnages (comme pour les deepfakes). Enfin, toutes les voix du film – y compris les voix féminines – sont de lui. Pour les “déformer”, il a simplement utilisé le générateur de synthèse vocale Murf. Toutes les voix sont ainsi faites “sauf pour une voix, qui est… la mienne”, a-t-il déclaré à PCMag.

Stelzer, qui a une formation en neurosciences, n’est pas cinéaste mais il est convaincu que les progrès croissants de ces logiciels IA pourraient rendre accessible à tous la réalisation de films. “Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère, vraiment”, ajoutant que pour lui, “c’est aussi important que l’invention de la photographie, et pour être honnête, peut-être aussi important que l’invention de l’écriture.”

Salt, une nouvelle ère dans la création cinématographique ?  

L’histoire du film Salt, dont l’intrigue se noue dans les années 70, est axée autour d’une mystérieuse substance ressemblant à du sel sur une colonie minière. La bande-annonce laisse entendre qu’il s’agit d’une substance d’origine extraterrestre et qu’elle a un but néfaste…

Pour le moment, Stelzer diffuse son projet sur Twitter sous forme de clips courts qu’il appelle des “story seeds”. Au-delà de l’originalité de l’histoire et de sa réalisation, Salt n’est pas conçu comme un film traditionnel. En effet, son auteur veut laisser le public voter, voire intervenir, sur la façon dont l’histoire va se développer après chaque”story seeds”. Le dernier publié sur Twitter demande par exemple si l’un des personnages, Sara, doit suivre des ordres, désobéir ou prendre un petit échantillon de la mystérieuse substance avant d’expédier les conteneurs.

Le réalisateur envisage de créer plusieurs intrigues afin de divertir différents groupes. Pour lui, le véritable objectif du film est de “transcender le support du film en quelque chose de nouveau. Comme permettre à tous les membres de la communauté d’utiliser éventuellement un modèle qui leur permet d’écrire leurs propres scènes.” Cela pourrait être l’avenir du cinéma. Vous n’aimez pas la fin d’un film ? L’IA peut vous aider à en créer une nouvelle.

Pour l’instant, il est évident que ce processus de création cinématographique a des limites, notamment lorsqu’il s’agit de représenter des personnages en mouvement. Mais, les logiciels IA progressent rapidement pour Stelzer et ce n’est sans doute qu’une question de temps avant qu’ils ne puissent animer des scènes de films. Ce n’est pas nous qui allons le contredire.


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