Et si l’IA n’était pas vouée à remplacer les artistes mais à les accompagner ? Jean-Claude Heudin a ainsi conçu Angelia, une sorte d’ “hyperinstrument”.
Depuis toujours, entre la musique et la science les liens sont ténus, jusqu’à s’influencer. Les Grecs dans l’Antiquité évoquent déjà l’idée d’utiliser des instructions pour créer de la musique. Jean-Sébastien Bach utilise des méthodes mathématiques et géométriques et Mozart crée certaines de ses pièces musicales en tirant au sort des combinaisons musicales avec des dés.
Au XVIIIe siècle, Jacques de Vaucanson fabrique deux automates capables de jouer des instruments. Mais il faut attendre 1955 pour qu’apparaisse le premier morceau de musique généré par ordinateur. Il est créé par Leiaren Hiller et Leonard Isaacson à l’université de l’Illinois.
Depuis, la recherche sur l’IA pour la musique s’est développée. Jean-Claude Heudin, scientifique spécialisé dans l’intelligence artificielle, a conçu Angelia. Ce projet de recherche vise à créer une IA dédiée à la musique électronique. Son objectif est de placer l’humain au centre de la création.
Un “hyperinstrument” pour accompagner la créativité du musicien
Jean-Claude Heudin a cherché à développer un modèle qui soit interractif, pour que le compositeur soit intégré à part entière dans le processus de création. Pour cela, Angelia utilise un “langage algorithmique de composition musicale”, à la fois compréhensible pour un humain et interprétable par l’IA.
Son langage de programmation musicale permet d’utiliser différents algorithmes : procéduriaux, stochastiques, automates cellulaires, réseau de neurones, etc. Son approche se veut bio-inspirée, c’est-à-dire qu’elle tire son inspiration dans le vivant et les processus naturels.
Angelia veut mettre l’émotion au cœur de son approche. Son créateur a conçu une architecture où l’IA perçoit un environnement sonore. Les données qu’elle obtient sont analysées en temps réel pour générer des stimuli qui font évoluer un “métabolisme émotionnel”. Celui-ci va ensuite modifier l’expressivité de l’interpréation ou encore le choix mélodique.
Pour produire de la musique, Angelia est couplée à un instrument électronique comme un piano numérique. Le musicien peut construire son propre instrument en choisissant les modules qui le composent. L’ensemble devient un “hyperinstrument” qui dépasse les capacités des instruments traditionnels. Angelia a déjà produit plusieurs albums. L’IA pourrait accompagner la création musicale en ouvrant de nouvelles perspectives.
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